Marche de Lutterbach du 26 Avril 2025
- DÉCLIC
- 27 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 juin
Accompagnateurs : Gilbert, Frank, Béatrice, Jeanine et Dominique B.
3 nouveaux marcheurs, tous motivés à participer par J-P sont présent : R, Y, S et J-P. Départ de Geishouse sous un timide soleil. Nous faisons connaissance autour de tables de pique-nique dressées au départ du sentier. En face l’on s’active pour monter le bucher de la Saint-Jean au solstice d’été. R. dit avoir appris quelque chose. De nombreux coureurs descendent de la montagne ; il s’agit du trail du grand ballon au départ du Markstein.
Nous démarrons par le parcours de santé avec un sentier aux abords très fleuris (orchidées, myosotis, boutons d’or, coucous, aspérule odorante, …) De petits objets sont accrochés dans les arbres (figurine d’ange, pinceau, gobelet verseur pour petit enfant, …) sans que nous ne sachions à quoi les relier.
La grimpette débute et nous sommes rattrapés par les coureurs du trail. Essoufflements, arrêts, hydratation, … ça tire dans les cuissots !
A l’arrivée au refuge le ciel s’est chargé de nuages ; on essaye de nommer les sommets alentours, de trouver la direction de Belfort. Le repas se passe en extérieur et est convivial, seul R. mange dans son coin. On prépare un feu sur le barbecue avec le matériel mis à disposition par la commune, en charge de la gestion du refuge. Les gars sont heureux de s’activer, on se serre autour des flammes. R. qui s’était allongé à l’intérieur ressort « congelé » et vient se réchauffer autour du feu.
Y. a le syndrome de Raynaud, ses mains blanchissent sous l’effet du froid et deviennent totalement insensibles. Il enfile des gants malgré le feu censé nous réchauffer
Le couple qui a déjeuné à l’intérieur du refuge s’en va et nous transférons le feu à l‘intérieur. Des applaudissements et des cris de joie résonnent quand les flammes font ronfler le poêle.
Le temps de parole s’articule autour de la question « qu’est - ce que la liberté ? », sachant que J-P sera libéré le mardi suivant la marche. C’est d’abord la famille. Être libre dans sa tête, malgré les contraintes physiques de l’enfermement qui est le prix à payer pour les transgressions commises. Il ne faut jamais oublier la prison, même si ça fait mal, pour bien mesurer la chance qu’on a d’être libre. L’univers de la prison rend fou (bruits en permanence surtout la nuit, beaucoup de pression).
J-P projette d’ouvrir un restaurant à la Grande-Motte « le l’As Vegas » après ses 6 mois de bracelet électronique à Dijon. Il a vu la juge, a annoncé qu’il faisait don de 1500 € à l’association « femmes de France » et 500 € à l’association Declic. Il en a les larmes aux yeux quand il nous l’annonce et nous sommes tous très touchés.
En détention il a parlé avec la chargée de communication ; elle prendra contact avec nous pour faire un reportage qui sera diffusé sur le canal vidéo interne du CPML. J-P a toujours été très impliqué dans différentes associations (les gilets jaunes, le Sidaction) et voudrait s’impliquer dans une association de défense des droits des détenus.
Pour Y. il s’agit de sa première incarcération et sans nul doute de la dernière. Il vit difficilement cet environnement jugé hostile et avec lequel il ne partage pas de valeurs (politesse, respect,...). Même certains surveillants manquent de respect aux personnes incarcérées. Est resté en retrait dans sa cellule les premiers temps, a apprivoisé son environnement petit à petit. Il est soutenu par ses filles qui lui préparent une fête pour sa sortie. Ancien alcoolique, il a arrêté de fumer en détention.
R. exprime beaucoup de peurs (peur en voyant se monter l’échafaude de troncs d’arbres pour le bucher, peur de la vitesse en voiture, …) Sa sœur est venue lui apporter des sandwichs pour la journée et un paquet de cigarettes ; le tout sera signalé. Il pense qu’il ne pourra plus participer aux marches de ce fait.
L’après-midi nous réserve encore une belle montée, nous aurons fait 570 m de dénivelé positif pour 10 km de parcours.
L’arrivée aux voitures est l’occasion, après signature des documents du droit à l’image, de faire une photo de groupe. Nous repartons pour le CINE, l’occasion d’un temps de debriefing. Chacun exprime sa gratitude pour la journée écoulée, un vrai temps de ressourcement. Y. dit qu’il gardera ce souvenir au fond de lui pour se le remémorer quand ce sera trop compliqué pour lui. J-P dit qu’il ne nous oubliera pas et que s’il y a possibilité de se revoir ce sera avec grand plaisir.
Chacun parle du respect ressenti et du non jugement dans le groupe. On a appris à se connaître entre nous (les gars entre eux, issus de différents quartiers de détention et qui, à l’intérieur, ne se seraient jamais parlé). On apprend aussi à connaître des personnes extérieures, qui ne nous jugent pas et avec qui on peut parler de tout. Un brassage des genres profitable !
Pourquoi ne pas ajouter une action environnement à nos sorties (s’équiper de sacs poubelles et de pinces et ramasser les déchets sur le parcours).
J-P se voit offrir une distinction pour sa participation à 5 sorties : un lacet de chaussure, à encadrer et conserver en souvenir.
Au retour nous croisons J. qui revient d’une permission famille et attend de pouvoir rentrer en détention. Les retrouvailles sont joyeuses !
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